Daniel AVIET
Daniel a été toute sa vie un photographe : ce n’était pas seulement une grande passion, parfois envahissante, c’était pour lui tout simplement une manière de vivre.
Il aimait à dire qu’il était tombé dedans quand il était petit, et c’est tout jeune qu’il s’est adonné à cet art si particulier qu’est la photographie.
Daniel ne se prenait pas pour autant pour un artiste, il aimait à se présenter simplement comme un bon artisan de la photographie, un Amateur avec un grand A : c’était là faire montre de beaucoup de modestie, car si Daniel connaissait bien les techniques photographiques, et notamment la photo Noir et Blanc qu’il maîtrisait parfaitement et qui faisait notre admiration, c’était pour les mettre au service de la poésie et de l’imagination, au service de ce qu’il aimait appeler la belle image : n’est ce pas là la définition même de l’artiste ? On se souvient tous de ses magnifiques portraits et de ses beaux paysages..
Daniel ne s’est pas contenté de pratiquer la photo, seul dans son coin : il a rapidement rejoint le monde associatif où il n’a pas hésité à prendre très jeune des responsabilités, mettant en partage ses connaissances et son sens de l’organisation.
Il a dirigé pendant de très nombreuses années le Club photo des PTT « Objectif Images Côte d’Or », à qui il avait apporté un grand confort matériel dans les locaux de l’avenue de Stalingrad. Il avait su donner à son club une renommée dépassant nos frontières en organisant régulièrement le Salon international de DIJON dans les locaux prestigieux du cellier de Clairvaux.
Mais son engagement pour la photographie dépassait largement les murs de son club puisqu’il a dès le début fait partie du club photo de Varois et Chaignot restant très actif au sein de son bureau jusqu’à cette année.
Plus encore, il a présidé pendant 10 ans (1992/2002) aux destinées de l’Union régionale des clubs photos de Bourgogne-Franche-Comté affiliée à la Fédération Photographique de France.
C’est au sein de cette Fédération que Daniel a œuvré dans la commission chargée de la formation, formation qui lui tenait tant à cœur et qu’il a poursuivi au sein de notre club jusqu’à la dernière limite.
Régulièrement il organisait dans les locaux d’OICO des stages qui montraient bien qu’il était ouvert à toutes les techniques photographiques et en particulier aux procédés anciens : je me souviens parmi beaucoup d’autres du stage de gomme bichromatée avec Jean Janssis, de celui sur le tirage au platine avec Pierre-Louis Martin ou de celui encore sur la prise de vue au sténopé avec Jean Daubas, sans oublier les stages de tirages argentiques noir et blanc avec Guy Lejeune.
L’argentique, voilà bien la grande affaire de Daniel toute sa vie de photographe. Je me souviens des visites chez Daniel dans son sous-sol où flottaient des odeurs d’acide acétique et d’hyposulfite.
Et puis le numérique est apparu, timidement d’abord, les résultats en noir et blanc n’étaient guère probants pour Daniel qui était exigeant et perfectionniste : et puis les résultats s’améliorant, Daniel s’est lancé avec toute son énergie dans la révolution numérique, entrevoyant avec enthousiasme tout ce qu’elle permettrait dorénavant, toutes les nouveautés auxquelles elle donnerait accès et dont on n’aurait même pas oser rêver.
Une nouvelle ère s’ouvrait devant Daniel, mais il n’était pas dupe du fait que la course à la nouveauté faisait perdre beaucoup d’attrait à l’objet de sa passion.
C’est donc avec un petit brin de nostalgie qu’il regardait ses magnifiques appareils photos mécaniques et argentiques qui l’avaient tant fait rêver et qui fonctionneront encore dans cinquante ans, et avec un œil circonspect son dernier appareil numérique, non moins magnifique, dont l’obsolescence était programmée, qui serait complètement dépassé dans 2 ou 3 ans et dont la durée de vie serait inférieure à celle d’une machine à laver, sans parler de la course à l’armement informatique.
Daniel était un homme de conviction qui n’hésitait pas à dire ce qu’il pensait avec flamme, mais il savait aussi rester à l’écoute de l’opinion des autres.
L’important c’est ce qui reste, les belles photos de Daniel, toutes ses œuvres qui méritent d’être sauvegardées : œuvres d’art, souvenirs de famille, archives de la vie communale, toutes ces émotions que Daniel a voulu nous faire partager tout au long de sa vie et au delà. Ce fut sa manière à lui de témoigner de toutes les beautés du monde et de retenir la vie qu’il aimait tant.
« L’œil en coin », le club photo de ton village, dont tu as fait les beaux jours et les belles expositions, est aujourd’hui bien humide et bien triste.
Tous ses membres, ceux d’aujourd’hui et les anciens, te remercient pour ta gentillesse et ta patience, et te disent au revoir !
Jean Louis PEZET, Président de « l’œil en coin ».